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Blog d'une Analyste de risque en "herbe"
23 novembre 2009

Benjamin Graham, père de l’analyse financière

Connu comme le “père de l’analyse financière” ou le “Doyen de Wall Street”, Ben Graham (1894-1976) excellait dans l’art d’investir, pour lui et ses clients, et ce, sans grosse prise de risque. Graham créa et enseigna de nombreux principes d’investissement. Le principe de marge de sécurité étant sans doute le plus connu de tous ses préceptes. Ces idées se fondent sur une évaluation financière appliquée, scientifique pourrait-on dire, des entreprises.

Voici un petit hommage !

Son héritage

Le travail de Graham est légendaire dans les cercles d’investissement. On lui attribue rien de moins que la paternité du domaine de l’analyse financière.

Plus connu pour avoir été le mentor de Warren Buffett, Graham était également un auteur célèbre et reconnu, surtout pour deux de ses livres, Security Analysis (1934) et L’Investisseur intelligent (1949). Graham était l’un des premiers à seulement utiliser une méthode d’analyse financière méthodique et codifiée pour diriger ses investissements.

Il a aussi contribué à rédiger le Securities Act de 1933 qui, entre autres, demandait aux sociétés côtées de fournir des relevés comptables certifiés par des commissaires aux comptes indépendants.

Ses débuts

Graham fut un brillant étudiant de l’université de Columbia puis travailla pour Wall Street peu de temps après son diplôme, en 1914. Grâce à ses talents d’investisseur, Ben Graham gagna très confortablement sa vie pendant les 15 années suivantes. A cette période, il n’avait malgré tout pas encore peaufiné sa stratégie d’investissement.

C’est ainsi qu’il perdit presque tout le capital de son fonds d’investissement lors du krach boursier de 1929 et la Grande Dépression qui s’ensuivit. Après avoir tiré les leçons de sa douloureuse expérience, il rédige avec David Dodd “Security Analysis”, qui est publié en 1934. Le livre fournit au lecteur des méthodes pratiques d’analyse pour déterminer au mieux la valeur intrinsèque d’un actif (actions, mais aussi obligations). Ce livre est aujourd’hui considéré comme une véritable Bible par la communauté financière.

Hauts et bas

Ses pertes lors du krach de 1929 et le marché baissier qui suivit conduisirent Graham à perfectionner ses techniques d’investissement. Ces techniques cherchaient à tirer maximiser les chances de gain tout en minimisant le risque. Il appliqua cette méthode en achetant des titres côtant à des prix bien en-deçà de leur valeur “à la casse”, c’est-à-dire la valeur de liquidation des sociétés. Graham cherche principalement des sociétés côtant en-dessous de la valeur de leur actif circulant, les fameuses net net, qu’il surnommera affectueusement les “mégôts”.

Pour arriver à ses fins, Graham profite de l’irrationalité des investisseurs pour acheter des actifs pour un prix d’au moins 40% inférieur à leur véritable valeur intrinsèque.

Ses théories : M. Marché et la marge de sécurité

Graham souligna combien il était important de considérer le marché comme un partenaire qui, à tout moment, est prêt à acheter vos titres ou à vous vendre les siens. Graham fait allusion au marché de manière imagée en le personnifiant dans le personnage allégorique de M. Marché. Ce dernier est un être maniaco-dépressif, dont l’humeur oscille entre euphorie et désespoir.

Par moments, les prix de M. Marché peuvent être justes mais, à d’autres, bien trop élevés ou bien trop bas par rapport à la valeur intrinsèque sous-jacente.

Vous, en tant qu’investisseur, êtes libre à tout moment de faire affaire avec lui. Acheter, vendre ou … l’ignorer si le prix ne vous convient pas. Vous pouvez l’ignorer parce qu’il reparaît toujours le lendemain avec une nouvelle offre.

Graham voyait d’ailleurs dans cette liberté de dire “non” un avantage majeur que l’investisseur particulier a sur un professionnel qui est soumis à plus de contraintes.

Graham souligne aussi l’importance de toujours réserver une marge de sécurité pour ses investissements. Cela signifie en pratique qu’il faut acheter une action si, et seulement si, elle côte à un prix bien inférieur à sa valeur intrinsèque. Ben Graham observe qu’à court terme le marché est une machine à voter, mais qu’à long terme, c’est une balance : in fine, les prix finissent toujours par rejoindre la valeur intrinsèque.

La probabilité de voir son investissement s’apprécier est donc bien supérieur à celle de la voir diminuer. L’extrême sous-valorisation met une sorte de “plancher” sous son cours.

Sa vie en tant qu’investisseur d’excellence et professeur

En plus de son travail de gérant, Graham enseignait l’analyse financière dans son alma mater l’université de Columbia. A cette époque, il était fasciné par le lien entre prix et valeur en investissement. L’argent est bien évidemment un paramètre, mais il considère plus cela comme une jauge de sa performance.

C’est dans cette optique qu’il écrivit L’Investisseur intelligent en 1949. Ce livre fournissait des détails plus pratiques à l’investisseur de base que ne le faisait Security Analysis, et devint l’un des livres sur l’investissement les plus lus au monde.

Warren Buffett décrit L’Investisseur intelligent comme étant de loin le meilleur livre sur l’investissement qui ait jamais été écrit, éloge de taille pour un livre relativement simple. Buffett déclara que Graham était incroyablement généreux envers les autres, en particulier pour ses idées sur l’investissement. En fait, Graham passa le plus clair de sa retraite à travailler sur des formules nouvelles et simplifiées pour aider les investisseurs de base à investir dans les actions.

De nos jours, Buffett aussi suit ce credo puisqu’il considère que ses assemblées annuelles sont l’occasion de faire partager ses connaissances avec les petits porteurs.

Après avoir lu L’Investisseur intelligent à 19 ans, Buffett entra à la Columbia Business School dans le but d’apprendre l’analyse financière sous Graham, où se forma une amitié de longue date entre les deux hommes. Plus tard, il travailla dans l’entreprise de Graham, la Graham-Newman Corporation, qui s’apparentait à une société d’investissement à capital fixe. Buffett y travailla deux ans jusqu’à ce que Graham décide de fermer boutique et prendre sa retraite.

Après cela, de nombreux anciens clients de Graham demandèrent à Warren Buffett de gérer leur argent. La suite fait maintenant partie de l’histoire. Buffett continua à peaufiner sa propre stratégie d’investissement, qui était légèrement différente de celle de Graham.

En effet, Warren ne se concentre pas uniquement sur l’analyse du bilan “tangible”, il donne sa place aux perspectives futures de croissance durable et à l’analyse d’éléments incorporels du bilan comme la marque, les brevets, la fidélité des clients, la qualité du management et l’avantage concurrentiel. Graham, lui, sélectionnait ses investissements en se fondant essentiellement sur les résultats passés de l’entreprise et son bilan.

Malgré tout, Buffett aime affirmer que personne n’a jamais perdu d’argent en suivant les méthodes et les conseils de Ben Graham.

Ses retours sur investissement

Les investissements de Graham ont affiché une performance aux alentours de 20% par an durant toutes ces années de gestion de portefeuilles. Il réussit à obtenir ces résultats à une époque où les marchés actions était encore largement perçu comme un far west ou, pire, un jeu de hasard.

Mais Graham conduisit ses investissements en respectant fidèlement sa méthode. C’est en cela que Graham est le véritable père de l’analyse financière moderne.

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Commentaires
G
Hommage bien documenté ! Outre son concept de marge de sécurité, l’autre grande idée est que le marché n’est pas là pour guider l’investisseur mais pour le servir; c’est-à-dire lui offrir des prix sensiblement inférieurs à la valeur estimée d’une entreprise.<br /> <br /> Geoffroy de http://www.morninglory.biz
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